Prise de conscience par le mouvement

LEÇON SELON LA MÉTHODE

Tout d’abord, les séances se déroulent en position couchée, sur le ventre ou sur le dos, afin de faciliter l’abandon des schémas musculaires habituels. Les pressions habituelles exercées sur la plante des pieds et la configuration des articulations du squelette qui en découle sont ainsi supprimées. Le système nerveux ne reçoit plus les stimulus afférents usuels dus à la gravité, et les impulsions efférentes ne sont plus liées aux schémas de mouvements habituels. Après les séances, quand on reçoit à nouveau les stimulus usuels, on est surpris de découvrir que l’on y répond différemment. Pour faciliter ce résultat, les séances doivent être menées aussi lentement et aussi agréablement que possible, sans le moindre effort ou la moindre douleur ; l’objectif n’est pas d’exercer ce que l’on connaît déjà, mais de découvrir des réactions inconnues en soi et d’apprendre à agir de manière plus appropriée. Les mouvements sont légers, de manière à ce qu’après les avoir répétés quinze ou vingt fois, l’effort initialement nécessaire soit ramené presque uniquement au fait d’y penser. C’est ce qui permet à la personne de développer au maximum sa sensibilité et de détecter le moindre changement qui intervient tant au niveau du tonus, qu’au niveau de l’alignement des différentes parties de son corps. À la fin d’une séance, on devrait avoir la sensation d’être suspendu légèrement par la tête, que les pieds ne frappent plus le sol, et que le corps glisse lorsqu’il se déplace. La tête, qui porte les télérécepteurs – les yeux, les oreilles, les narines et la bouche -se tournant vers la droite et la gauche presque chaque fois que l’attention se déplace vers les changements dans l’espace qui nous entoure, devrait se tourner avec une fluidité inégalée par le mécanisme le plus perfectionné conçu par l’homme. Parmi les télérécepteurs, les yeux peuvent aussi se déplacer par rapport à la tête, et leur mouvement dans le sens de rotation de la tête ou à l’opposé devrait être fluide et facile, si la tête bougeait comme elle le devrait.

extrait de « PRISE DE CONSCIENCE PAR LE MOUVEMENT » – MOSHE FELDENKRAIS traduit de l’anglais par Madeleine Evans